Interview Julien Benhamou, Architecte, Ancien élève Steiner-Waldorf
« Le grand apport de la pédagogie Steiner c’est, me concernant, principalement, toujours, lier le corps et l’esprit. Et ensuite, le deuxième point, c’est l’écoute. »
Quel souvenir gardez-vous de votre arrivée dans l’école au Primaire ?
« En gros dans l’école Steiner on a sa classe, que l’on garde pendant un certain nombre d’années – on se suit -, et donc j’ai intégré un nouveau groupe : je l’ai intégré très très rapidement. On m’a accueilli, avec beaucoup de gentillesse, beaucoup de bienveillance. Bienveillance, c’est un mot magique aujourd’hui, mais c’est important parce que ça se traduit : quand vous conduisez une voiture, ça se traduit quand vous êtes dans un repas avec des amis. »
« Je me suis remis à apprendre, je me suis remis à travailler un peu le soir, et la première chose qui m’a marqué, après cet élément-là, c’est de faire autre chose aussi que de rester en classe. »
« On a les outils ici à Steiner, il y a plein d’ateliers différenciés. On peut faire de la couture – je m’en sers tous les jours de la couture -, on recoud ses pantalons, voilà, je sais le faire. Je sais faire un panier en osier, je sais sculpter le bois, je sais travailler l’argile… Et ça on l’apprend dès qu’on a huit ans, et c’est important parce que tous ces éléments-là, que ce soit le bois – ça nous apprend à canaliser une force -, que ce soit l’argile – ça nous apprend à avoir un aspect délicat avec son corps – que ce soit faire de la forge, avec un feu, du métal – ça apprend le risque. »
La pédagogie vous accompagne-t-elle dans votre vie professionnelle ?
« Je suis architecte aujourd’hui, je passe ma journée à mélanger des idées, que je dois formaliser sur un document, un dossier, une feuille, blanche, partir d’une feuille blanche. Donc imaginer, ça c’est très important aussi, ici on nous a appris à imaginer beaucoup, et ensuite le rendre concret. En se servant aussi un peu de ses mains, en participant sur les chantiers, et donc du coup j’ai l’impression que c’est un peu mon mode d’emploi initial que j’applique aujourd’hui. »
Quel parcours vous a mené à votre profession d’architecte ?
« Je n’ai pas voulu aller jusqu’au bout du cursus, parce que j’avais des envies de travailler avec mes mains, et donc j’ai réintégré à seize ans une voie professionnelle pour faire de l’ébénisterie. Ça a duré quatre ans, je me suis éclaté, c’était génial, j’ai fait plein de meubles historiques, et en fin de parcours j’ai commencé à faire des meubles plus contemporains, à dessiner mes meubles. »
« Donc j’étais déjà un peu en recherche de créer et ça, ça m’a amené à me dire « ça peut être intéressant finalement de dessiner ces meubles, plutôt que les réaliser » et j’ai intégré une école de design pendant deux ans, et après j’ai intégré une école d’architecture, parce que je me suis dit « si je dessine mes meubles, il faut peut-être dessiner la maison qu’il y a autour. »
« Et aujourd’hui eh bien je suis architecte, je dessine des maisons, des immeubles, et je rénove des espaces avec grand plaisir toujours de dessiner, en ayant toujours eu cette origine de pouvoir appliquer les concepts d’une manière manuelle. »